Le temple de Vesta, la déesse du foyer, est l'un des plus anciens temples de Rome. Le feu sacré y était gardé par des prêtresses vierges, les Vestales qui se devaient de veiller sur le feu jour et nuit afin qu'il ne s'éteigne jamais. Ironie du sort, il fut détruit par le feu à plusieurs reprises.
Le second temple, bâti en 394 avant J.-C, fut détruit lors de l'invasion gauloise. Le troisième temple fut incendié en 241 avant J-C. Le cinquième fut reconstruit en marbre par Auguste.
En 64 de notre ère, le grand incendie qui ravagea Rome, peut être à l'instigation de Néron, détruisit, entre autres, l' Atrium Vestae, l'enceinte sacrée, à l'intérieur de laquelle se situait ce temple prestigieux. Dans son programme de reconstruction de Rome, Néron entreprit de bâtir un nouveau temple à la déesse, événement commémoré par un denier.
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NERON, denier d'argent, vers 65-66 de notre ère (Tkalec AG)
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SUETONE, Vie_des_douze_Césars, Néron XXXVIII : "... Sous prétexte qu'il était choqué par la laideur des anciens édifices, par l'étroitesse et par les sinuosités des rues, il incendia Rome... (...) Le fléau se déchaîna pendant six jours et sept nuits... Alors, outre un nombre infini de maisons de rapport, les flammes dévorèrent les habitations des généraux d'autrefois, encore parées des dépouilles ennemies, les temples des dieux, voués et consacrés par les rois, puis lors des guerres contre Carthage et contre les Gaulois, enfin tous les monuments curieux et mémorables qui restaient du passé. Néron contemplait cet incendie du haut de la tour de Mécène et charmé, disait-il, par la beauté des flammes, il chanta la prise d'Ilion dans son costume de théatre."
Sur ce denier, la statue de Vesta est représentée dans le temple, or, Ovide nous apprend que ce n'était pas le cas :
OVIDE, Fastes, VI, Juin, : Pas de statue de Vesta dans le temple (6, 295-298) "J'ai cru longtemps, dans mon ignorance, qu'il existait des statues de Vesta; j'ai appris naguère que le dôme de son temple n'en abritait aucune; là seulement se conserve un feu qu'on ne laisse jamais éteindre; mais il n'est point d'images qui représentent ni le feu ni Vesta."
Le temple, commencé sous Néron sera inauguré par Vespasien en 73, et fera à nouveau l'objet d'émissions monétaires.
Ovide nous renseigne sur sa forme et sur la raison qui fit qu'on reconstruisit le temple sans en changer sa forme sphérique, comme nous pouvons le voir sur les monnaies :
OVIDE, Fastes, VI, Juin, Le temple de Vesta : son site; sa forme (6, 257-282) "Ce toit que vous voyez, d'airain aujourd'hui, alors vous l'eussiez vu de chaume; des branches d'osier flexible, entrelacées ensemble, en formaient les murs... On dit cependant que la forme du temple a été conservée telle qu'elle était alors, et cette forme tient à des raisons que je vais exposer. Vesta est la même que la terre; l'une comme l'autre entretient un feu éternel ; la terre et le foyer sacré nous indiquent, par leur aspect même, la présence de Vesta.
La terre, semblable à une balle de paume, se soutient sans appui, quoique si pesante, au milieu de l'air qui l'environne. Arrondie en globe, cette rotondité même la fait rester en balance. Point d'angle qui permette de contact avec aucun des points de sa surface; ainsi, elle est suspendue au milieu de l'univers, sans être plus ou moins voisine d'aucune des parties dont il se compose. Si elle n'était point ronde, elle se trouverait plus près de quelqu'une de ces parties, et alors la masse de la terre serait déplacée du point qu'elle occupe au centre de toutes choses.
Dans la citadelle de Syracuse, il est un globe suspendu au milieu d'un air sans issue: image en petit de l'immense univers. On y voit la terre aussi éloignée des parties inférieures que des parties supérieures ; c'est sa forme ronde qui la fixe dans cette position. Tel est aussi l'aspect que présente le temple de Vesta; l'oeil y chercherait en vain la saillie de quelque angle, et un dôme la met à l'abri des eaux de la pluie." |